Jean-François Demay

(Article de janvier 2022)

« Avec Vue sur la Mère » est le deuxième roman de Jean-François Demay. L’histoire d’une mère et de la mer, entremêlée à celle de Boulogne dans ses longues années de reconstruction, histoires de vies qui, coûte que coûte, entre pudeur et émotion, font émerger une seule leçon annoncée d’entrée : la vie est belle. Rencontre avec son auteur.

Vous êtes un enfant de Boulogne, quel lien entretenez-vous avec la ville ?
Je suis né à Boulogne, j’ai grandi sur le plateau du chemin Vert, j’y ai vécu une enfance heureuse. Professionnellement, j’étais professeur au lycée Branly. J’ai toujours été attiré par la mer. Petit, on allait, bien sûr, à la plage. Très vite, je me suis tourné vers les sports nautiques. Un copain a acheté un bateau. J’ai fait mes premières régates, et ce virus ne m’a toujours pas quitté, plus de 40 ans après ! Je suis toujours membre du yacht club de Boulogne, dont j’ai assuré la présidence entre 2000 et 2005. J’ai aussi des souvenirs formidables du tour de France à la voile ou encore d’autres dans les eaux anglaises, nous emmenant parfois jusqu’au Sud de l’Irlande. Avec un équipage emmené par mon ami et skipper Jean-Yves Chateau, nous avons remporté la plus belle victoire sur la Rolex Fastnet Race, une fameuse course à laquelle les plus grands marins participent. Les seuls français à l’avoir gagnée avant nous étaient le grand Tabarly et Catherine Chabaud, première femme à boucler un tour du monde sans escale. Ce sont des souvenirs impérissables.

D’où vous vient l’envie d’écrire ?
J’ai toujours beaucoup lu. En tant qu’enseignant, j’ai aussi beaucoup écrit, mais dans un tout autre cadre. Je suis plutôt un scientifique. Mais avant l’envie d’écrire, c’est une envie de raconter.
Je me suis passionné pour les recherches. J’ai passé des heures à feuilleter les journaux de l’époque à la bibliothèque municipale. J’ai aussi eu un plaisir immense à travailler à la maison de la Beurière, avec des personnes passionnantes comme Jean-Pierre Ramet. Quant à l’écriture en elle-même, c’est une expérience incroyable de se mettre à écrire et de laisser venir ce qui vient naturellement. Je me suis surpris parfois à m’arrêter d’écrire uniquement parce que mon poignet me faisait mal : j’aurais pu encore continuer tant c’était naturel. L’écriture a quelque chose de plus fort que soi.

Que racontent vos livres ?
Dans le premier roman, « le Coeur de Salade », c’est la vie de ma mère qui m’a guidé. Cette femme discrète a grandi au moment de la seconde guerre mondiale, étant née en 1930. Elle n’a jamais voulu encombrer personne des histoires et des souvenirs. Mais il me semblait important de transmettre ce qu’était la vie à cette période. Au fond, le personnage auquel elle donne vie est un support pour se plonger dans le Boulogne de l’époque, dans les drames de cette période, et aussi dans la vie des marins. Ce second roman « Avec Vue sur la Mère » est la suite. Elle est devenue femme, elle devient mère. Chaque chapitre correspond à la naissance d’un enfant. Cela s’étale de 1949 aux années 70. Avec 8 enfants, on voit combien a évolué la prise en charge de la maternité : entre la sage-femme à peine formée qui vient accompagner l’accouchement à domicile aux sortirs de la guerre jusqu’à la naissance en clinique où tout est plus sécurisé. En parallèle, c’est la renaissance de Boulogne, cette longue période que l’on a appelé la reconstruction que l’on revisite. Ce fut long et fastidieux ! J’accorde aussi beaucoup de place à cette plongée dans le monde de la mer. Au fil du livre, on suit aussi son évolution.

Avez vous d’autres projets d’écriture ?
C’est possible, mais pas sûr. Je laisse mûrir. Ce ne sera pas une suite en tout cas, éventuellement plutôt un retour en arrière, avant même 1930. A suivre…

Propos recueillis par Florence Pécriaux