Avec les fêtes de fin d’année, vient le temps des retrouvailles en famille, des grandes discussions autour des grandes tablées. Les longues soirées d’hiver sont propices à ces moments de partage. Pourtant, les belles images d’entente familiale parfaite et de bonheur permanents ne sont pas toujours la réalité.

Malgré tout ce qui nous rapproche, chaque membre a sa singularité. Malgré tout ce qui nous différencie, c’est aussi un creuset d’amour et de rapprochement. La famille est un lieu de paradoxes. C’est aussi le premier lieu où l’on apprend à vivre ensemble : cela oblige au partage, à la discussion, à la tolérance, à la concession, à la confrontation aussi. C’est là que se forgent les personnalités, s’expriment les caractères. C’est aussi l’endroit où l’on expérimente la force des sentiments d’amour, d’appartenance, d’acceptation… ou pas.
Au delà de la génétique, qu’est-ce qui fait « la famille » ? A l’ère des nombreuses séparations et des familles recomposées, la question est complexe et interroge philosophes, sociologues et psychologues depuis la nuit des temps.
Si l’amour semble le liant par excellence, si c’est grâce à lui que l’on se sent unis, c’est aussi à cause de lui que les blessures dans le cercle familial sont particulièrement douloureuses. C’est justement parce que l’on est relié par ce sentiment qu’un mot, un comportement, une attitude blesse de façon encore plus exacerbée.
Cela ne signifie pas qu’il faut y renoncer. Ce serait même tout le contraire. Est-il concevable de lui laisser une place, en même temps que les émotions qui nous traverse. Est-il possible d’imaginer que l’on puisse préserver le lien qui nous unit aux personnes, avec et en même temps que les tempêtes qui nous séparent ? Peut-on accepter l’idée que l’on peut être différent, avoir des désaccords profonds, des fonctionnements différents, des façons de faire autre ET s’aimer ?
L’idée n’est pas de tout laisser de côté, de faire table rase. Il s’agit plutôt de démêler, voire défusionner les ressentis, de prendre conscience que, par delà les émotions, les rancœurs, la douleur, subsiste ce sentiment et la qualité du lien qui en découle. Comme le soleil est bien au-delà des nuages.
D’ailleurs quand un être cher disparaît, on efface volontiers les ardoises émotionnelles et relationnelles. Et si c’était l’amour, ou à tout le moins l’estime, qui refaisait surface, au delà de ce qui sépare ? Les fêtes de fin d’année sont des moments sensibles dans les familles.
Et si c’était le moment de se dire qu’on s’aime ?